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Tu naquis dans un petit village en Suisse. Tu étais le deuxième enfant de ta famille, et tu étais une heureuse venue. Une très heureuse venue. Tes yeux s'ouvrirent sur un monde beau, sur un monde magnifique. Tes parents étaient des personnes exceptionnelles, et tu grandis dans un climat parfait, rêvé. Il est difficile d'imaginer que tu puisses devenir une personne mauvaise avec une enfance pareille, d'ailleurs, tu ne le devins pas. Non, tu étais un ange, tu l'es toujours. Adorable et naïve, au service de ta grande sœur que tu aimais plus que tout, et qui t'aimais tout autant, bien que l'idée d'avoir une admiratrice comme toi était des plus flateuses. Tu as toujours voulue être comme elle, en qui tu voyais la perfection. Tu grandis avec Enora comme exemple, essayant d'imiter cette unique sœur que tu avais pour fratrie. Tu appris à te contenter de peu, et à faire beaucoup de choses, avec ce que tu avais. Tes parents n'étaient pas des personnes qui étaient aisées. Tu vivais dans une ferme, dans un coin reculé, mais tu aimais cette vie. Tu ne connaissais rien d'autre, de toute manière.

A l'âge de tes six ans, tu découvris tes pouvoirs magiques. Tu n'étais qu'une enfant, et n'avais aucune idée de comment t'en servir. Mais cela t'amusait, et ta famille en riait. Tes proches découvrirent ta maladresse en même temps que ta sorcellerie. Ta mère était une sorcière, ton père un moldu. Il est un homme dévoué et aimant, qui aimait tout ce qui touchait à la magie. Du moins, aurait-il du y penser avant que tu ne tordes son bras en deux, par la cause d'un mauvais coup de baguette. Tu en avais deux mains droites. Oui, car tu étais gauchère. Malheureusement, tes pieds n'étaient pas plus adroits que le reste de ton corps, et tu ne connaissais les chutes que trop bien. Enfant, tu ne cessais de pleurer pour un rien, mais cela avait désormais littéralement changé. Tu riais, et de tout, sans exception.

Lorsque ta sœur fit son entrée à Memphis, tu mourrais de jalousie, tant tu avais envie d'y aller avec elle. Qui plus est, tu avais toujours envié Enora : grande, blonde, belle - elle avait tout pour elle. Tu aurais tellement voulut être elle. « Tu n'emportes que ça, là-bas ? » la questionnas-tu, en lui montrant sa fine valise. Elle rêva la tête du bouquin qu'elle était en train de feuilleter, et leva les yeux au ciel. S'approchant de toi en faisant un bond de son lit, Enora posa ses deux mains tes épaules, avant de gratter la tête avec l'une d'entre elles. « Je pars pas pour une éternité, andouille » Elle te sourit et retourna s'asseoir sur son lit. Enora n'était pas le genre de personnes très sensibles et nostalgiques, elle vivait au jour le jour. Pour elle, il ne fallait pas s'attrister d'une chose, car une autre chose derrière arrivait toujours de bien. Ce n'était pas ton cas à toi. Tu t’enquiérais de tout dans la crainte de ne plus les revoir. Tu faisais toujours des cérémonies d'adieu, et ce même quand tu ne devais qu'allé faire les courses. Tu avais peur du hasard, et aimait trop les personnes qui t'entouraient. En fait, tu étais bien trop soucieuse pour ton âge.

Lorsque Enora ne fut plus là, tu t'ennuyas terriblement à la ferme. Tu passas tes journées à ne rien faire, à te balader seule dans les bois, faire du sport, enfin, toute sorte d'activités auxquelles les moldus se consacraient habituellement. Ta routine était tellement pénible que tu aurais préféré dormir toute la journée. Cela était un choc, pour toi, une fille emplie d'énergie en permanence, une hyperactive affirmée. Puis vint ce jour, où tu la rencontras. Cette fille, qui devint ton amie. Elle était là, assise sur un banc de bois, au beau milieu de la forêt, se tortillant les doigts dans tous les sens. Ne sachant, comme toi, que faire de ses journées, de toute évidence. Sans hésiter une seconde, tu t'approchas d'elle, et commença à converser. La fille fut surprise de ton approche si directive, mais au final, vous devinrent amies. Elle s'appelait Oxana. « Mais Reese, ça fait pas un peu prénom de garçon ? » Tu la toisas sans envergure. A la fois avec dédain, mais également avec ironie. Tu n'étais pas vexée, tu ne l'étais jamais. Néanmoins, tu n'avais pas ta langue dans ta poche, il était clair qu'on ne pouvait pas te le reprocher. « Fuck off Oxa ! Mes parents pensaient qu'ils auraient un garçon, et ils ont été pris au dépourvu. Tu peux m'appeler Jiulia, si ça te dérange vraiment. » Et à partir de ce jour, le deuxième prénom que t'avaient donné tes parents devinrent ton premier, aux yeux de ton amie. Lorsque vous firent ensemble votre entrée à Memphis, personne ne comprit pourquoi elle t'appelait ainsi, alors que tous les autres t'appelaient Reese, mais cela ne t'importait guère. Tu aimais qu'Oxana soit l'unique à t'appeler de la sorte. Cela la rendait unique en même temps, plus qu'elle l'était déjà.



(uc)